Rapport annuel ONEM 2020

Synthèse

2020 , une année exceptionnelle

L’année 2020 restera une année exceptionnelle. Jamais dans son histoire, longue de 86 ans, l’ONEM n’a soutenu autant de travailleurs et d’employeurs.

Le marché du travail a en effet été particulièrement touché par la crise du coronavirus. 2,3 millions de personnes différentes ont touché des allocations à charge de l’ONEM en 2020. C’est une personne d’âge actif sur 3 et c’est près de 900.000 personnes de plus que l’année précédente. 170.000 employeurs ont été soutenus, d’une façon ou d’une autre par l’ONEM. C’est 2 employeurs sur 3 et 70% de plus qu’une année normale.

Total

Un nombre historique de chômeurs temporaires

Jamais auparavant le nombre de chômeurs temporaires n’avait été aussi élevé en Belgique qu’en 2020.

Lors du premier confinement en mars 2020, presque du jour au lendemain, le nombre de travailleurs mis en chômage temporaire a augmenté de façon exponentielle. Le cap du million de travailleurs en chômage temporaire a été  dépassé en avril ! En fin d’année 2020, le niveau du chômage temporaire restait plus élevé qu’au plus fort de la crise de 2009.En moyenne mensuelle, le nombre de travailleurs mis en chômage temporaire s’élevait à 504.657.

Au total, presque 1,4 million de travailleurs ont perçu au moins une allocation pour chômage temporaire au cours de l'année 2020. Cela correspond à 196.865 unités budgétaires (c-à-d des équivalents temps plein) par mois, en moyenne sur l’année 2020,  soit 10 fois plus qu’en 2019 (19.186). Ce n'est pas seulement le chiffre le plus haut depuis la Seconde Guerre mondiale. L'ampleur du chômage temporaire est plus de deux fois supérieure au pic précédent, celui de 1981 (93.271 unités budgétaires) et plus de trois fois supérieure au niveau atteint lors de la crise économique et financière de 2009 (60.196 unités budgétaires). En 2020, tous les secteurs ont été touchés et tous les travailleurs, y compris les employés, ce qui n’était pas le cas en 1981 et très peu le cas 2009.

Total

Moins de chômeurs complets indemnisés (demandeurs et non-demandeurs d’emploi confondus, avec ou sans complément d’entreprise)

Globalement, le chômage complet indemnisé a diminué de 3,3% en 2020.

Le nombre de chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi a augmenté pour la première fois depuis 2016 (+3%). Cette augmentation est uniquement due à la diminution du nombre de personnes qui sont sorties du chômage en raison de la crise. Le nombre de personnes qui entrent au chômage a continué de diminuer compte tenu notamment du régime de chômage temporaire et du moratoire sur les faillites, deux mesures qui protègent les travailleurs contre les licenciements. Mais il y a eu moins de personnes qui sortent du chômage, que ce soit vers l’emploi, vers l’incapacité de travail ou vers les formations.

Mais cette augmentation de 3% a été compensée par une forte diminution du nombre de chômeurs complets  indemnisés non demandeurs d’emploi (-37%).

Le nombre moyen de CCI s’élève dès lors à 378.147 allocataires par mois, soit 339.266 CCI demandeurs d’emploi et  38.881 CCI non demandeurs d’emploi (principalement des chômeurs avec complément d’entreprise ou des chômeurs plus âgés dispensés d’inscription comme demandeur d’emploi).

Augmentation du nombre de demandes d’allocations d’interruption sous l’effet du congé parental corona

En 2020, en moyenne 252.045 travailleurs par mois ont perçu une allocation d'interruption. Cela équivaut à une augmentation de 1,1% sur une base annuelle. Il s'agit de la première augmentation du nombre des allocations d’interruption depuis 2015. Cette évolution a été influencée de manière considérable par le congé parental corona.  Au total, 96.054 personnes différentes ont eu recours à cette possibilité, dont près de la moitié en remplacement d’une autre forme d’interruption déjà en cours.

Enfin, si le nombre moyen de personnes bénéficiant d’allocations d’interruption  en 2020 n’a que légèrement augmenté (+1,1%), le nombre de demandes d’allocations d’interruption introduites à l’ONEM n’a quant à lui jamais été aussi élevé (529.456, soit une augmentation de 51%).

Les dépenses supplémentaires qui représentent un investissement social et économique

L'impact financier total de la crise du coronavirus sur les allocations de l'ONEM en 2020 se chiffre à 4,7 milliards  d'EUR, dont 4 milliards d’EUR pour le chômage temporaire.

La crise a donc eu un coût très élevé au niveau des dépenses de l’ONEM qui ont augmenté de 75% par rapport aux prévisions. Mais les mesures qui ont été mises en œuvre dans ce secteur ont permis de protéger les travailleurs contre la maladie, la perte de revenus et la perte d’emploi, de sauvegarder la viabilité des entreprises et plus largement de soutenir l’économie. Sans ces mesures et sans ces dépenses, les coûts humains, sociaux et économiques auraient été bien plus élevés pour la société. Ces mesures faciliteront également la reprise lorsque les conditions sanitaires le permettront.

Commentaires

Pour info : Les chiffres relatifs aux nombres de travailleurs en interruption de carrière/crédit-temps, ainsi que ceux des chômeurs complets sont consultables via le site de l’ONEM : soit via les pages statistiques, soit via l’application Statistiques interactives.

  1. Près d’1,4 million de travailleurs ont perçu au moins une allocation pour chômage temporaire en 2020 
  2. Le chômage complet indemnisé a diminué de 3,3%
  3. Les demandes d’allocation d’interruption ont augmenté sous l’effet du congé parental (corona) 
  4. Des dépenses supplémentaires de 4,7 milliards en raison de la crise 
  5. L’ONEM a relevé de nombreux défis et ce, malgré la crise de 2020 
  6. Les partenariats et les synergies 
  7. Le développement durable et la responsabilité sociétale 
  8. Les défis ne sont pas terminés …. 

1. Près d’1,4 million de travailleurs ont perçu au moins une allocation de chômage temporaire en 2020

Un nombre historique de chômeurs temporaires

Lors du premier confinement en mars 2020, presque du jour au lendemain, le nombre de travailleurs mis en chômage temporaire a augmenté de façon exponentielle. Le cap du million de travailleurs en chômage temporaire a été  dépassé en avril ! En fin d’année 2020, le niveau du chômage temporaire restait plus élevé qu’au plus fort de la crise de 2009. En moyenne mensuelle, le nombre de travailleurs mis en chômage temporaire s’élevait à 504.657.

Au total, presque 1,4 million de travailleurs ont perçu au moins une allocation pour chômage temporaire au cours de l'année 2020. Cela correspond à 196.865 unités budgétaires (c-à-d des équivalents temps plein) par mois, en moyenne sur l’année 2020,  soit 10 fois plus qu’en 2019 (19.186).  Ce n'est pas seulement le chiffre le plus haut depuis la Seconde Guerre mondiale. L'ampleur du chômage temporaire est plus de deux fois supérieure au pic précédent, celui de 1981 (93.271 unités budgétaires) et plus de trois fois supérieure au niveau atteint lors de la crise économique et financière de 2009 (60.196 unités budgétaires). En 2020, tous les secteurs ont été touchés et tous les travailleurs, y compris les employés.

Durant cette crise, les employés ont en effet été touchés par le chômage temporaire comme jamais auparavant. La part des employés dans le chômage temporaire était de 38,6% en 2020. A titre de comparaison, durant la crise de 2009, cette part représentait seulement 6,9% et durant celle de 1981, le régime n’était pas encore accessible aux employés. Ceci explique aussi que par rapport à 2019, le nombre d'hommes au chômage temporaire a augmenté d'environ 4 fois, tandis que celui des femmes a augmenté d'environ 10 fois. Leur part reste toutefois inférieure à celle des hommes (41,6%). Les proportions par région sont restées relativement stables par rapport à 2019, bien que l'on note une augmentation relative plus importante du nombre de travailleurs en chômage temporaire domiciliés dans la Région de Bruxelles-Capitale. Enfin, si tous les secteurs ont été touchés, nous notons toutefois les augmentations les plus importantes par rapport à 2019 dans le commerce, dans l’horeca et dans le secteur des arts, du spectacle et des activités récréatives, soit les secteurs les plus impactés par les mesures de lockdown.

Si, sur le plan sanitaire, la Belgique a connu 2 vagues de l’épidémie avec des pics de contaminations, d’hospitalisations et de décès assez proches en avril et en novembre, il en va autrement sur le plan du chômage temporaire. La meilleure connaissance du virus et de ses modes de transmissions et la disponibilité des moyens de protection ont permis de cibler davantage les mesures de lockdown et de limiter davantage la suspension des activités et le recours au chômage temporaire pendant la 2ème vague. Alors que nous avions connu un pic de 597.822 déclarations de chômage temporaire début avril (moyenne sur 7 jours), le pic pour la deuxième vague était 3 fois moins élevé avec 171.334 déclarations début novembre.

Total

Afin de soutenir le revenu des travailleurs en chômage temporaire, le montant de leur allocation a été augmenté. Il s’agit à la fois d’une augmentation du montant minimum de l’allocation (dont une partie résulte d’une décision prise avant la crise et qui a pris ses effets au 1er janvier 2020), d’une augmentation du taux de remplacement de l’allocation de 65 à 70% et, pour les travailleurs en chômage temporaire pour cause de force majeure (sauf pour force majeure médicale), d’un supplément de 5,63 EUR par jour de chômage. C’est pour les travailleurs qui ont les revenus les plus bas que l’augmentation est la plus élevée. Le précompte professionnel sur les allocations a également été réduit de 26,75 à 15%. Enfin, une prime supplémentaire a également été accordée à ceux qui ont connu au moins 53 jours de chômage temporaire pour force majeure ou pour raisons économiques entre le 01.03.2020 et le 30.11.2020 inclus afin de compenser les conséquences d'un chômage temporaire de longue durée sur la prime de fin d'année. Cette prime s’élève à 10 EUR par jour de chômage temporaire, avec un minimum de 150 EUR.

2. Le chômage complet indemnisé a diminué de 3,3% (demandeurs et non-demandeurs d’emploi confondus, avec ou sans complément d’entreprise)

Globalement, le chômage complet indemnisé a diminué de 3,3% en 2020. Le nombre de chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi a augmenté (+3%) mais cette augmentation a été compensée par une forte diminution du nombre de chômeurs complets indemnisés non demandeurs d’emploi (-37%).

Le nombre moyen de CCI passe dès lors à 378.147 allocataires par mois. Il s’agit là du niveau général le plus bas depuis 1980, et ce malgré la crise actuelle.

Légère augmentation des chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi

Depuis le mois de mai 2020, le nombre de chômeurs complets indemnisés demandeurs d’emploi est reparti à la hausse. C’est la première fois depuis juillet 2016 que cette population augmente sur base annuelle.

En 2020, l'ONEM comptait tous les mois en moyenne 339.266 chômeurs complets indemnisés demandeurs d'emploi (CCI-DE). C'est une augmentation de 3,0% par rapport à 2019.

Cette augmentation du chômage complet en 2020 résulte du fait que moins de personnes sont sorties du chômage en raison de la crise. Le nombre de personnes qui sont entrées au chômage a continué de diminuer compte tenu notamment du régime de chômage temporaire et du moratoire sur les faillites, deux mesures qui protègent les travailleurs contre les licenciements. Mais il y a eu moins de personnes qui sortent du chômage, que ce soit vers l’emploi, vers l’incapacité de travail ou vers les formations.

L’augmentation du nombre de chômeurs complets indemnisés demandeurs d'emploi (CCI-DE) se retrouve dans les trois Régions. La progression relative est la plus importante dans la Région de Bruxelles-Capitale (+3,7%), puis en Région flamande (+3,5%) et enfin en Région wallonne (+2,2%). Malgré cette évolution similaire du volume du chômage, il faut tenir compte du taux de chômage qui reste sensiblement plus élevé en Région wallonne et dans la Région de Bruxelles-Capitale qu'en Région flamande.

Le nombre de CCI-DE a augmenté un peu plus vite chez les hommes (+3,5%) que chez les femmes (+2,4%).

On observe une diminution (-4,4%) du nombre de CCI-DE que dans la classe d'âge des 50 à 59 ans. La classe d'âge des plus de 60 ans connait la plus forte augmentation (+13,0%), ce qui s'explique par la suppression de la dispense d’inscription comme demandeur d’emploi sur la base de l'âge (seul le passé professionnel peut encore être invoqué comme critère pour obtenir la dispense).

Pour les classes d'âge des < 25 ans et des 25 à 49 ans, nous constatons des augmentations de, respectivement, 2,8% et 3,9%.

En 2020, la plus forte augmentation en ce qui concerne la répartition par durée du chômage se situe chez les chômeurs de durée moyenne (1 à 2 ans). Leur nombre augmente de 9,6%. Le chômage de courte durée (< 1 an) a augmenté de 3,9%. Le niveau du chômage de longue durée (2 ans ou plus), qui réagit aux chocs économiques de manière logique avec un certain retard, est resté stable (+0,1%). Cependant, cette stabilisation met fin à cinq années de baisse constante du chômage de longue durée.

Selon le niveau d’études, le chômage a le plus augmenté chez les personnes hautement qualifiées (+7,4%).

Le nombre de demandeurs d'emploi inoccupés non indemnisés (DE-INI) augmente également de 1,0% en 2020.

Diminution du nombre des chômeurs complets indemnisés non-demandeurs d'emploi

Le nombre de chômeurs non demandeurs d'emploi a de nouveau diminué de 37,0% en 2020 et ne s'élève plus, aujourd'hui, qu'à 38.881 unités physiques, soit moins d'1/5 de son niveau en 2007.

L’évolution dans ces régimes est influencée, d’une part, par une réglementation plus stricte qui fait baisser le nombre de nouveaux entrants et, d’autre part, par le vieillissement de la population qui entraîne des sorties plus importantes vers le régime de pension.

Ce phénomène est encore renforcé depuis le 1er janvier 2019 par la possibilité pour les chômeurs bénéficiant d'un complément d'entreprise d'opter pour une retraite anticipée.

Des mesures particulières, évitant la réduction du montant des allocations ou la fin des droits, ont également été prises afin de soutenir les chômeurs complets étant donné qu’ils éprouvent davantage de difficultés à s’insérer ou à se réinsérer sur le marché de l’emploi en raison de cette crise exceptionnelle. Il s’agit du gel de la dégressivité des allocations de chômage, de dispositions complémentaires de même nature ou facilitant l’accès aux allocations de chômage pour les artistes ainsi que de la prolongation du droit de base aux allocations d’insertion. Ces mesures, qui sont entrées en vigueur le 1er avril 2020, sont toujours d’application à l’heure actuelle.

3. Les demandes d’allocations d’interruption ont augmenté sous l’effet du congé parental (corona)

En 2020, en moyenne 252.046 travailleurs par mois ont perçu une allocation d'interruption. Cela équivaut à une augmentation de 1,1% sur une base annuelle. Cette évolution a été influencée de manière considérable par le congé parental corona.

Succès du congé parental corona :

Ce congé était applicable du 01.05.2020 au 30.09.2020 inclus et visait à remédier à l'organisation de la garde des enfants pour les parents qui travaillent en cas de fermeture de l'école ou de la crèche. Il s’agit d’un congé supplémentaire prévu en plus du congé parental ordinaire et qui donne droit à une allocation plus élevée de 25% ou, pour certains travailleurs, de 50%. Au total, 96.054 personnes ont eu recours à cette possibilité, dont près de la moitié en remplacement d’une autre forme d’interruption.

Malgré sa durée limitée, ce congé représente 8,8% du nombre total de paiements effectués pour les allocations d'interruption. Ce sont 70,9 millions d'EUR qui ont été versés dans ce cadre.

Dans l'ensemble, le congé parental a augmenté de 31,5%, alors que le congé pour assistance médicale et le congé pour soins palliatifs ont respectivement diminué de 0,9% et de 11,1%.

Diminution du crédit-temps…

Le crédit-temps (dans le secteur privé) a diminué de 11,5% en 2020. C’est la conséquence des conditions d’admission plus strictes pour le crédit-temps et les régimes de fin de carrière qui, depuis 2015, ont entraîné une diminution sensible du nombre de nouveaux entrants.

et de l’interruption de carrière

En ce qui concerne l’interruption de carrière (dans le secteur public), nous enregistrons une diminution de 11,9%. Cette baisse résulte principalement du transfert partiel de compétences dans le cadre de la sixième réforme de l'Etat.

La baisse dans les deux régimes précités s’explique aussi pour une petite partie par le fait que certains travailleurs en crédit-temps ou en interruption de carrière ont suspendu temporairement ces régimes pour prendre un congé parental corona.

Aux 252.046 travailleurs qui perçoivent une allocation d’interruption de carrière en moyenne chaque mois, il faut encore ajouter 15.039 travailleurs qui interrompent leur carrière sans percevoir d'allocation. Leur nombre total s'élève donc à 267.086 unités pour l'année 2020. Cette moyenne mensuelle représente 414.986 personnes différentes qui ont interrompu leur carrière en 2020 (6,5 % de plus qu’en 2019).

Enfin, si le nombre moyen de personnes bénéficiant d’allocations d’interruption  en 2020 n’a que légèrement augmenté (+1,1%), le nombre de demandes d’allocations d’interruption introduites à l’ONEM n’a quant à lui jamais été aussi élevé (529.456, soit une augmentation de 51%). Cette forte augmentation des demandes à traiter par l’ONEM s’explique notamment par le fait que près de 100.000 travailleurs (96.054) , dont près de la moitié étaient déjà dans un régime d’interruption, ont opté temporairement pour le congé parental corona et ont donc introduit une ou plusieurs demandes successives pour obtenir ou prolonger ce congé pendant quelques semaines ou quelques mois entre mai et septembre 2020.

4. Des dépenses supplémentaires de 4,7 milliards en raison de la crise

Les dépenses totales de l'ONEM en matière de prestations sociales s'élevaient à 10,9 milliards d'EUR en 2020. La crise sanitaire a entraîné une dépense supplémentaire de 4,7 milliards d'EUR par rapport au budget pour 2020 estimé dans le rapport annuel 2019 de l’ONEM.

L'augmentation des dépenses la plus importante se situe dans le régime du chômage temporaire, où nous enregistrons une dépense supplémentaire de 4,042 milliards d'EUR. Les dépenses relatives aux allocations de chômage temporaire ont été plus de dix fois supérieures au montant estimé si la crise du coronavirus n'avait pas frappé. Les dépenses de chômage complet ont augmenté de 568 millions d’EUR et les dépenses d’allocations d’interruption de 110 millions d’EUR. De ce coût supplémentaire, 8,2% sont dus aux mesures de crise spécifiques par lesquelles les autorités offrent un soutien supplémentaire à ceux qui ont été touchés par la crise.

La crise a donc eu un coût très élevé au niveau des dépenses de l’ONEM qui ont augmenté de 75,4% par rapport aux prévisions. Mais les mesures qui ont été mises en œuvre dans ce secteur ont permis de protéger les travailleurs contre la maladie, la perte de revenus et la perte d’emploi, de sauvegarder la viabilité des entreprises et plus largement de soutenir l’économie. Sans ces mesures et sans ces dépenses, les coûts humains, sociaux et économiques auraient été bien plus élevés pour la société. Ces mesures faciliteront également la reprise lorsque les conditions sanitaires le permettront.

5. L’ONEM a relevé de nombreux défis et ce, malgré la crise de 2020

Respect des délais de paiements malgré le nombre de dossiers à traiter

Même s’ils étaient 5 fois plus nombreux, les chômeurs temporaires ont été payés dans des délais plus courts qu’en temps normal. 77,1% des chômeurs temporaires en 2020 ont été payés dans les 10 jours du mois suivant le mois au cours duquel ils ont été en chômage temporaire et 19,5% dans les 30 jours qui suivent. En temps normal, ces résultats sont respectivement de 38,2% et 47,8%. La majorité de ces travailleurs demandait pour la première fois les allocations ce qui requiert la constitution d’un dossier et donc plus de temps.

Total

Ce paiement plus rapide a été rendu possible par une interprétation de la notion de force majeure et des conditions d’octroi plus souples et par une procédure de demande d’allocations simplifiée, qui a permis d'alléger les formalités imposées aux travailleurs et aux employeurs. Dans ce cadre, les organismes de paiement ont pu payer les allocations de chômage temporaire sans devoir introduire préalablement le dossier individuel du travailleur et sans attendre la décision de l'ONEM, contrairement à la pratique habituelle. Les dossiers ont donc été introduits et l’ONEM a pris toutes les décisions après les premiers paiements. Le cas échéant, une régularisation de ces premiers paiements a été effectuée par la suite.

Même si le pourcentage de travailleurs qui ont été payés après plus d’un mois est réduit (3,4%), cela représente, compte tenu du tsunami de demandes d’allocations de chômage temporaire, un nombre élevé de travailleurs qui ont dû attendre longtemps leurs allocations et les informations souhaitées. Ceci résulte bien sûr de l’augmentation exponentielle de la charge de travail des différentes institutions concernées (en quelques jours à peine le nombre total de personnes à indemniser a triplé), à laquelle il faut ajouter le bouleversement de l’organisation du travail lié aux contraintes sanitaires mais aussi d’autres facteurs comme par exemple la complexité de certains dossiers ou la transmission tardive de certains documents. 

Le délai de paiement des chômeurs complets est resté stable et le délai de traitement moyen des demandes d’allocations de chômage par l’ONEM a été réduit à 4,4 jours en 2020 contre 5,2 jours en 2019.

Les travailleurs qui ont interrompu leur carrière, également plus nombreux en 2020, ont été payés aussi rapidement que d’habitude et ont même reçu leur décision plus vite que l’année dernière. Les travailleurs victimes d’une fermeture de leur entreprise ont aussi obtenu plus rapidement le paiement de leurs indemnités.

Communication intensive sur les nombreuses mesures réglementaires vers nos clients

L’année 2020 a été marquée par de nombreuses modifications réglementaires qui, pour la grande majorité, sont liées à la crise du coronavirus. Au total, 38 lois ou arrêtés ont été adoptés en 2020 contre 19 en 2019.

La préparation et la mise en œuvre de toutes ces nouvelles réglementations ont représenté une charge de travail et une pression sans précédent pour les services de l’ONEM (préparation des textes; établissement des formulaires papier et électroniques; directives pour les employeurs, les bureaux du chômage et les organismes de paiement; rédaction des documents d’information pour les employeurs et les travailleurs; analyse et programmation infor­matiques, formation des agents, suivi de l’exécution, réponse aux questions …).

Toutes ces mesures ont fait l’objet d’une communication intensive vers les employeurs et les assurés sociaux.

  • Notre service de contact clients a reçu plus d’un million d’appels téléphoniques, soit 50% de plus qu’en 2019. Le contact clients a pu traiter en moyenne 84% des appels reçus.
  • Plus de 6 millions de visiteurs se sont rendus sur notre site au cours de l’année 2020. ce qui représente une augmentation de plus de 75% par rapport à l’année 2019. Près de 36 millions de pages ont été consultées tout au long de l’année (21 millions en 2019).
  • Le nombre de mails envoyés dans nos services via le formulaire disponible sur le site web a lui aussi explosé : 227.125 mails ont été traités en 2020, soit 169% de plus qu’en 2019.
Un personnel mobilisé et solidaire

La crise du coronavirus a aussi fortement impacté le personnel qui a dû se réorganiser très vite pour pouvoir continuer à accomplir ses missions. Le télétravail intégral est devenu obligatoire dès le mois de mars. Globalement sur l’année 2020, 85% du personnel a pu télétravailler.

Total

Pour répondre rapidement à l’augmentation importante de la charge de travail et compenser les 258 départs naturels en 2020, l’ONEM a recruté 317 nouveaux collaborateurs qui ont pu bénéficier d’un trajet accueil 100% à distance.

Une grande vague de solidarité entre les agents des différents processus a permis de renforcer les services les plus touchés par la crise. Ces mouvements de personnel ont été possibles grâce à un effort de formation considérable. Le centre de formation de l’ONEM a remanié l’ensemble de ses formations afin de former à distance les collaborateurs des processus les plus impactés par la crise. Au total,  4.772 inscriptions à des modules e-learning ont été comptabilisées en 2020. Cela représente un total de 10.808 heures de travail, soit une augmentation de 7.000 heures par rapport à 2019.

Vers plus de digital en 2020

Grâce à un bon niveau d’informatisation de ses processus, l’ONEM a pu assurer la poursuite de ses activités à distance.

Depuis plusieurs années, l’ONEM investit dans le développement ou l’amélioration d’applications électroniques :

Des déclarations de risque social pour les employeurs :

  • En 2020, 14,4 millions de déclarations de risques sociaux ont été faites par les employeurs permettant notamment de soutenir l’afflux des demandes d’allocations de chômage temporaire (7,2 millions en 2019).

Carte de contrôle électronique pour les demandeurs d’emploi :

  • 130.052 nouveaux utilisateurs ont utilisé l’application de la carte de contrôle électronique disponible sur PC, tablette ou smartphone. 1.285 062 paiements ont été effectués sur la base d’un EC3 en 2020, contre 723.931 paiements en 2019.

Des demandes d’allocations d’interruption pour les travailleurs :

  • 257.016 demandes électroniques ont été enregistrées (96.859 en 2019 et 58.861 en 2018).

Break@Work pour le calcul de la durée et du montant d’une allocation d’interruption :

  • Près de 490.000 simulations ont été réalisées par plus de 193.000 visiteurs (477.973 simulations en 2019 pour 154.497 visiteurs) sur l’application Break@Work .

 Une stratégie de contrôles adaptée à la crise

L’accent a été mis sur le contrôle du chômage temporaire. La simplification de la demande d’allocations de chômage temporaire et la nécessité de payer rapidement les allocations aux assurés sociaux touchés par la crise ont eu pour conséquence que bon nombre de contrôles qui s’effectuaient auparavant à priori (contrôles préventifs) se sont alors effectués à posteriori (après paiement des allocations).

En 2020, en plus des contrôles habituellement réalisés, l’ONEM a effectué 26.173 enquêtes spécifiques sur les demandes d’allocations liées à la crise COVID. Ces enquêtes étaient basées sur différents croisements de données impliquant tous les employeurs et tous les travailleurs qui ont eu recours au chômage temporaire, sur des plaintes ou sur des informations reçues d’autres services d’inspection ou d’autres institutions. Au total, 8.388 de ces enquêtes ont révélé des infractions. La majorité des contrôles (18.594) ont été effectués à distance. 7.579 contrôles ont été menés sur place.

En outre, l’ONEM, et leurs collègues d’autres services d’inspection sociale, ont été chargés par le gouvernement de réaliser des contrôles sur le respect dans les entreprises des mesures de prévention et de sécurité telles que le respect de la distanciation sociale, l’application du télétravail, la fermeture obligatoire de certains secteurs, ….. Des contrôles éclairs ont également été effectués dans différents secteurs (construction, agriculture et horticulture, secteur de la viande). Au total, 1260 contrôles de ce type ont été réalisés et 210 infractions ont été constatées par des inspecteurs de l’ONEM.

6. Les partenariats et les synergies

Tout le travail règlementaire indispensable pour adapter la réglementation à la situation particulière de la crise s’est réalisé en étroite concertation entre les organisations d’employeurs, les secrétariats sociaux, les organismes de paiement, l’ONEM et la cellule stratégique du Ministre de l’Emploi.

Le partenariat avec les CPAS s’est lui aussi poursuivi en 2020. L’objectif est de diminuer le nombre d’avances faites par les CPAS sur les allocations de chômage lorsque des chômeurs rencontrent des problèmes financiers à la suite d’un retard dans le traitement de leur demande d’allocations. En 2020, il y a eu 8.039 demandes de ce type, ce qui représente une augmentation de 18,64% par rapport à 2019.

Au niveau international, l’ONEM joue un rôle actif au sein de l’Association Internationale de la Sécurité Sociale (AISS) depuis de nombreuses années. En 2020, l’ONEM a notamment participé à un échange de bonnes pratiques dans le cadre de la crise du coronavirus.

7. Le développement durable et la responsabilité sociétale

La crise du coronavirus et le passage au télétravail obligatoire a bien évidemment eu un impact sur les consommations enregistrées en 2020, en particulier la consommation d’eau et la consommation de papier qui ont baissé respectivement de 47% et 37% par rapport à 2019.

En 2020, l’ONEM a remporté pour la deuxième fois (après 2016) le Diversity Award avec son projet: Inclusion@Work. Ce projet s’inscrit dans une volonté d’accentuer l’engagement de l’ONEM en matière d’inclusion.

8. Les défis ne sont pas terminés ….

Il n'est pas possible de faire des prévisions sur l'ampleur des mesures sanitaires qui seront nécessaires à la lumière de l'évolution du nombre d'infections et d'hospitalisations et sur la façon dont la conjoncture s'en sortira. Il est cependant très encourageant de constater que la conjoncture s’est rapidement relevée après le choc initial du début de l’année et ce, malgré la période de crise qui persiste.

Plusieurs mesures de crise spécifiques se poursuivent au cours des premiers mois de l'année 2021 et seront éventuellement prolongées en fonction de l’évolution de la situation sanitaire.

Le défi sera ensuite de soutenir la reprise par des mesures de relance de l’économie et de l’emploi, en particulier pour les secteurs et pour les travailleurs qui ont le plus souffert de la crise.

Il ne faut pas perdre de vue les autres évolutions technologiques, climatiques, écologiques, qui marquent l’économie, l’emploi et la sécurité sociale. D’autre part, les conséquences à plus long terme du Brexit ne sont pas encore entièrement connues.

De plus, le vieillissement de la population dans les années à venir exerce aussi une pression supplémentaire sur le financement des régimes de sécurité sociale étant donné que les sorties du marché de l'emploi (vers la pension) seront supérieures aux entrées.

Enfin, l'écart en matière de taux de chômage et d'emploi reste important entre les Régions alors que la mobilité interrégionale ne progresse que lentement.

A la sortie de la crise, il ne faudra pas seulement soutenir la reprise mais il faudra aussi continuer à relever ces défis.