Le chômage temporaire depuis le covid : « Prêt à faire face aux nouvelles menaces »
Ceux qui n’avaient jamais entendu parler du chômage temporaire ne pouvaient plus l’ignorer à partir de mars 2020 : jamais auparavant ce régime n’avait protégé autant de personnes et d’entreprises qu’au cours de la crise du coronavirus. Maintenant que cette période de crise exceptionnelle est derrière nous et ne laisse plus de traces durables sur l’évolution du chômage temporaire, comme le révèle une nouvelle étude de l’Office national de l’emploi (ONEM). « Le chômage temporaire reste sous contrôle et semble capable de faire face aux nouvelles menaces auquel est confronté le monde du travail », déclare Michiel Segaert, rédacteur en chef de la publication.
Un centenaire flexible
Bien qu’il existe depuis plus de cent ans, le régime du chômage temporaire s’avère capable de s’adapter aux crises et aux grandes tendances sociétales. Il peut ainsi répondre de manière flexible à pratiquement toutes les situations d’incapacité temporaire de travail, y compris les causes qui n’existaient pas il y a quelques années telles que les cyberattaques de grande ampleur. « En 2023, 912 déclarations de chômage temporaire concernaient des cyberattaques ; sur les six premiers mois de 2024, il y en avait déjà 639. Parallèlement, nous observons également des effets liés aux changements climatiques : le chômage temporaire pour intempéries n’est plus rythmé non plus par les périodes de gel mais bien par les fortes précipitations ou les périodes de chaleur extrême », explique Michiel Segaert. « Ce sont de nouvelles tendances générales et des risques sur le marché du travail auxquels le chômage temporaire peut s’adapter presque automatiquement. »
Pas de retour au “pré-Covid”, mais une normalisation
Depuis la crise, le chômage temporaire est resté à un niveau plus élevé qu’en 2019. Certains se demandent si les utilisateurs, plus familiers avec ce régime grâce à la crise, en feraient désormais un usage structurellement plus fréquent.
« L’étude montre que ce n’est pas le cas », affirme Michiel Segaert. « Le pourcentage actuel de chômage temporaire est effectivement plus élevé qu’immédiatement avant la crise, mais la période 2017-2019 était marquée par des chiffres historiquement bas. On ne peut donc pas la considérer comme une période “normale”. » Une comparaison sur plusieurs années montre que les taux de 2023-2024 figurent toujours parmi les plus favorables de l’histoire du régime et qu’ils sont inférieurs à la moyenne de 2012-2019. Nous observons également des tendances similaires dans des systèmes équivalents chez les pays-voisins.
Des canaris dans la mine de charbon
Un point de vigilance toutefois. « Depuis la crise du coronavirus, nous constatons une grande incertitude économique et géopolitique », déclare Michiel Segaert. « Dans certains secteurs, comme l’industrie, et particulièrement dans les entreprises de travail adapté, des concentrations plus élevées de chômage temporaire se manifestent. Ce sont les fameux canaris dans la mine de charbon, qui révèlent que notre économie est plus fragile à certains égards. » Pour l’ONEM, une vigilance accrue reste donc de mise, même si les chiffres actuels du chômage temporaire ne révèlent rien de particulièrement préoccupant.
Vous trouverez l'étude complète ici.